Nouvelle



Quelques mois (et quelques manifestations ) plus tard...

Inlassablement, Louise se regardait, assise devant sa coiffeuse.
-Je crois qu'il manque un petit quelque chose mon ange. dit Madeleine
Délicatement, elle lui passa un collier autour du cou.
-C'est ton père qui me l' a offert.
Louise soupira, pensive. Sa mère, lisant dans ses yeux, reprit :
-Ne t'en fais pas Louise, il te pardonnera, et puis, avec l'habitude, tu n'es pas si mal comme ça. La seule chose qui l'a choqué, c'est que tu sois allée à ces manifestations. Moi aussi, je trouve cela irresponsable, mais au fond, je t'admire, tu es courageuse, si seulement j'avais osé….
-Ce n'est pas le problème.
-Oh Louise, tu me fatigues, je ne veux plus que tu me parles de cette histoire de pilule, tu es bien trop jeune.
La sonnette retentit et, sans répondre à sa mère, elle quitta sa chambre. Will était adossé au montant de la porte et mit une marguerite à l'oreille de Louise.
-Désolé, tous les fleuristes étaient fermés. Mais pour toi, il y aura toujours des fleurs. ajouta-t-il en lui tendant un bouquet.Lou se jeta à son cou :
-Je t'aime tant !
-Je t'aime aussi…
-Tu rentres un moment ?
-Euh, non, je préfèrerais marcher, j'ai besoin de te parler.
-C'est grave ? demanda-t-elle, inquiète, en enfilant son manteau.
-Et bien, c'est important pour moi, je veux dire, pour nous.
Il claqua la porte.


Seule, marchant d'un pas rapide, elle laissa Willy derrière elle. La connaissant, il ne chercha pas à la rattraper. Maintenant, elle n'avait plus envie de faire la fête et se rendit chez Arnold le cœur en bandoulière et la tête à l'envers.
Il allait partir. C'était bien vrai, Willy allait retourner en Angleterre, et c'est en son honneur que la petite bande se réunissait ce soir-là.
Toute la soirée, elle resta assise, ne souhaitant parler avec personne, même pas à Jo. Enfin, Willy s'approcha d'elle :
-Toute la soirée, j'ai eu envie de te poser cette question : tu veux danser avec moi ?
-Tu connais déjà la réponse…
Il lui prit la main, et ils s'évadèrent, portés par la musique. Blottie contre lui, elle lui murmura :
-Et si nous profitions de cette soirée ? Je ne veux pas que tu m'oublies, dit-elle en l'entraînant vers sa chambre. Il la regarda :
-Tu es sûre ?
Pour toute réponse, elle l'embrassa tendrement et l'attira contre elle.



6 mai 1998

Les yeux de Joséphine pétillaient, elle tomba de sa chaise.
-Dix-sept ans, tu n'avais que dix-sept ans pour ta première fois, et tu refuses encore que Dawson viennent dormir à la maison ?
-Enfin, ça n'a strictement rien à voir, Willy allait partir…
-Et alors, Dawson part en vacances au Venezuela, est-ce que j'en fais toute une histoire ?
Sa mère se leva en soupirant, mais Joséphine la retint par la jupe :
-Et la suite ?
Louise se rassit :
-Et bien, le lendemain matin…
-Oh, non !
-Quoi non ? Tu ne pensais tout de même pas que j'allais te raconter quelque chose d'aussi intime….Donc, le lendemain matin…


12 mai 1968

Dans les bras de Willy, Lou se sentait sereine. Alors qu'il jouait avec ses cheveux, elle lui demanda soudain :
-C'est comment l'Angleterre ?
-Pourquoi tu me demandes ça ?
-Je sais pas vraiment, peut-être que si tu m'expliques je pourrais t'imaginer vivre là-bas…
-Et bien, la vie est très différente , les relations humaines aussi. Je ne veux pas dire que c'est mieux qu'ici, mais c'est autre chose. Un an en France est si vite passé à vos côtés ; tu vas énormément me manquer, pourtant, je suis content de retrouver mes habitudes. Et puis tu sais j'ai l'impression d'avoir laissé mes amis en pleine révolution pour aller la faire ailleurs.
-Cette révolution dure-t-elle toujours ?
-Oui, depuis 1964, ça ne fait qu'augmenter. Je pense que tout a commencé avec la musique pop. En fait, tout est lié à ça, les comportements comme les mentalités. C'est toute l'Angleterre, qui , grâce aux " Beatles " a sauté à pieds joints dans le siècle. Ils prônaient la méditation et non la violence ; les Anglais l'ont compris mais pas les Français. Carnaby street était un peu le Quartier latin de Londres, le lieu où se retrouvaient les bandes de jeunes en colère, dont des filles en mini-jupe…En clair, vous n'avez rien inventé car un vent de folie avait déjà soufflé sur l'Angleterre tout entière.
-La rumeur dit tout de même que Mary Quant aurait trouvé son premier modèle de mini-jupe à St Tropez, et que c'est comme ça qu'elle a eu l'idée de couper les jupes des filles les plus sages.
-Peu importe, les jeunes cherchaient à découvrir une culture différente de celle de leurs parents bien avant les Français. C'est pour ça que Vidal Sasoon a eu autant de succès.
-Qui est Vidal Sasoon ? demanda Lou.
-Vidal Sasoon ? C'est un coiffeur très célèbre en Angleterre ; ça m'étonne que tu ne connaisses pas. Il liait coiffure et liberté, il a rendu les coupes de cheveux des femmes nettement plus adapté à leur nouvelle vie, leur vie active. Ainsi, il a coiffé les plus grands : Jackie Kennedy, Mike Jagger, et la coupe de cheveux des Beatles a secoué une génération.
-J'ai l'impression que tu es nostalgique. Tu as un regard différent quand tu parles de l'Angleterre. Tu regrettes d'avoir quitté Londres ?
-Non, je ne regrette rien.
Louise se leva et mit sa robe en regardant par la fenêtre :
-Tiens, il a plu cette nuit.
-Tu t'en vas déjà ? Sans même évoquer ce qui s'est passé entre nous ?
-Il n'y a rien à dire, tu pars c'est tout.
-Et bien pars avec moi.
-Ne dis pas n'importe quoi, je ne peux pas me sauver, Willy. Il faut que je rentre.
Will essaya vainement de la rattraper mais Louise était résignée et partie.
-Au revoir, dit-elle tristement.
-Adieu, Louise.

Quand Louise arriva chez elle en larmes, son père l'attendait de pied ferme. Sans dire un mot, il la gifla :
-Tu me déçois, Louise. Tu me déçois de jour en jour. Je suis ton père et pourtant je ne te reconnais plus ; passer la nuit dehors, ça n'est vraiment pas toi.
-Moi non plus je ne te reconnais plus. Tu ne m'avais jamais frappé auparavant. Tout ça pour une histoire de principes dépassés !
Furieuse, elle courut s'enfermer dans sa chambre.
Elle pleura des heures durant sans trop savoir pourquoi. Blessée, et meurtris, elle en voulait à son père d'être aussi orgueilleux, aussi intolérant. La rage au ventre, elle tremblait de tout son corps, persuadée que jamais sa peine ne serait égalée. On frappa à la porte.
-Je ne veux voir personne ! rugit-elle.
-Même pas moi ?
Un Will méconnaissable, au visage décomposé se trouvait devant elle. Il s'assit près d'elle. Doucement, il lui prit la main.
-Louise, j'ai une très mauvaise nouvelle.
Le trop plein d'émotion les rendait muets. Après un silence qui leur parut interminable, il reprit
-Hier soir, la route était glissante et en rentrant, Jo et Arnold ont eu un accident. Arnold est à l'hôpital, il va s'en sortir…
-Et Jo ? Comment va Jo ?
Will serra plus fort la main de Lou et baissa les yeux.
-Jo est décédée cette nuit, je suis désolé.
Tout se brouilla dans l'esprit de Louise. Paralysée par la stupeur, elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle ne pouvait y croire, pourtant, des larmes bien réelles coulaient inlassablement sur son visage. Ravagée, et secouée de sanglots, Louise tomba dans les bras de Will. Son cœur avait déjà souffert de mille égratignures, mais c'était là sa première blessure.
Elle se trouva nez à nez avec un miroir. Ce qu'elle vit, c'est ce que Jo avait fait d'elle. Désormais, plus rien ne la retenait. Le seul être qui mettait de la couleur dans son existence allait partir. Sans plus réfléchir, elle jeta au hasard quelques affaires dans un sac, alors que Will la regardait sans savoir quoi dire, se demandant quelle attitude adopter. Il l'apostropha du regard et la comprit. C'est ainsi qu'ils partirent tout deux sans se retourner. En quittant cet appartement, c'est sa vie bien rangée qu'elle laissait sans regrets, pour se retrouver face à l'inconnu. Mais elle n'était pas seule, elle avait Willy. Oui, pour Jo, toute sa vie, elle resterait libre…

6 mai 1998

Louise pleurait.
- Je ne sais pas si j'ai bien fait de te raconter tout cela, aujourd'hui encore ça me fait du mal d'en parler. En plus, je n'ai pas tenu mes promesses et maintenant j'ai du mal à rester fidèle à mes idées de l'époque.
-C'est pour cela que je ne connais pas mon grand-père ?
-Il n'en valait vraiment pas la peine. Tu connais ta grand-mère, c'est suffisant.
-Il est vivant ?
-Aux dernières nouvelles, oui.
-Mamie l'a donc quitté ?
-Oui, elle est rentrée dans le monde du travail et ils se sont séparés peu après. Il ne supportait pas de ne plus être LE chef de famille. 1968 l'a sorti du monde qu'il aimait en le confrontant à d'autres réalités. Lorsqu'ils ont divorcé, maman est partie avec tante Victoria et il n'a pas cherché à reprendre contact. Je crois que grand-mère ne regrette rien. Elle est heureuse que Victoria ait grandi dans un autre milieu.
-Tu penses que 1968 a vraiment changé les mentalités ?
-Oui, même si cette révolution semble aujourd'hui oubliée, elle nous a tous fait évoluer, moi en premier. Seulement, la société n'en a ressenti les conséquences que quelques années plus tard. Voilà, maintenant, tu sais.
Willy entra dans la cuisine la mèche en bataille et l'œil hagard et embrassa sa femme dans le cou. Il dit à sa fille:
-Tu ne vas pas être en retard, Joséphine ?
Avant de sortir, elle lui lança :
-Appelle-moi Jo…


 


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